Adjugé, vendu !
Publié le mercredi 07 mars 2018
Auteur : Olivier Béna
Pour la première activité de l’année 2018, « Les Amis d’Alfred Renaudin » ont eu l’honneur de recevoir Maître Sylvie Teitgen, commissaire-priseur chez Anticthermal à Nancy. Pendant près d’une heure et demie, Me Teitgen est venue présenter son métier, de plus en plus médiatisé par les émissions de télévision.
Cette profession n’est pas récente puisqu’on la retrouve au temps des Romains où malheureusement on vendait des esclaves ! Appelé huissier au Moyen-Age, à cheval, ils cédaient le peu de choses qui existait comme des tables ou des bancs afin de payer les impôts de l’époque. C’est l’édit d’Henri II qui introduisit en France le commissaire-priseur moderne en 1556 par la création :
”d’offices formels et perpétuels de Maîtres priseurs de biens meubles pour, privativement à tous autres, faire les prisées, estimations et ventes, partages et lots de biens meubles qui seraient requis et nécessaires pour faire cesser esdits lieux les fraudes, intelligences et pratiques, abus et autres malversations”.
Plusieurs composantes sont liées les unes aux autres. La part juridique représente environ 10 %. Le lien social est très important car il convient d’aimer encore plus les gens que les objets en vente. Il y a derrière chaque objet une valeur marchande mais surtout une histoire, un vécu, un passé à transmettre. Le commissaire-priseur est un passeur de témoins dans la vie d’un objet quel qu’il soit. Il est certes bien d’essayer de le vendre le plus cher possible mais il est mieux que ce soit surtout à des personnes heureuses de l’acquérir. La part de connaissance en histoire de l’art n’est pas négligeable. Comme un médecin généraliste, le commissaire-priseur ne peut pas être un spécialiste sur une époque ou un artiste. La formation reste continue tout au long de la carrière et il apprend beaucoup grâce aux collectionneurs et aux passionnés.
Qui vend ? 1 % est lié aux ventes judiciaires, donc obligatoires, suite à des liquidations ou autres impositions non réglées. Il existe aussi la vente volontaire qui fait suite aux déménagements et aux nouveaux lieux de vie trop exigus pour accueillir certains objets ou accrocher certaines toiles. Des expertises suite à des achats aux puces, des spéculations sur des objets achetés peu chers et dont la revente peut apporter une plus-value pécuniaire sont aussi notables.
Qui achète ? Il faut être majeur et sain d’esprit pour pouvoir enchérir dans une salle des ventes. Il y a de bonnes affaires en semaine lors de la vente dite « trésors des greniers ». La fréquentation des ventes permet également une forme d’apprentissage en histoire de l’art généraliste. Certains souhaitent aussi faire des achats pour y gagner une plus-value. La vente est transparente et est validée par un procès-verbal. La facture se voit ajouter un taux de 18 % pour les frais de vente. Ils permettent de faire vivre la salle des ventes, les employés mais aussi de compenser les ventes non réglées … Il n’y a aucune déclaration à faire auprès des impôts avant un montant supérieur à 5 000 €. Il s’impose alors une taxe de 6,5 % en sus. Cela reste anonyme et le commissaire-priseur devient alors collecteur d’impôts. Il existe aussi le droit de suite qui est régi par l’article L122-8 du Code de la propriété intellectuelle.
Comment trouver une vente aux enchères ? Autrefois, la presse se faisait le relai des ventes. Maintenant, il faut principalement utiliser Internet pour les trouver notamment le site interencheres.com qui permet d’être informé grâce aux alertes programmables. La gazette Drouot qui traite du monde et du marché de l’art.
Qui peut se dire expert ? La notion d’expert est très vague et chacun peut se dire expert de quoi que ce soit. Aussi, les vrais experts sont reconnus à leur expertise pertinente.
C’est grâce aux étrangers que certains artistes comme Jean Prouvé sont démontrés. Ceux-ci aiment ce qu’ils achètent et font monter les cotes de vente ; sinon tout aurait été jeté à la poubelle comme certaines pièces sous-estimées de Cayette, comme ce fut le cas pour l’Art Nouveau dans les années 1950, considéré comme « un art de concierge ». Un tableau ne se perd pas car il se garde pour être transmis. Les Japonais ont permis de sauvegarder une part non négligeable de vases Gallé ou autres, car proche de leur art et des divers éléments naturels représentés.
Certains objets comme des armes de guerre, des ivoires (en lien avec la convention de Washington de 1973), du vin sans capsule-congé ou des effets nazis sont proscrits à la vente. La vente d’immobilier est également interdite. Certains objets scellés comme des miroirs ou des statues sont considérés comme de l’immobilier car liés à la demeure dans laquelle ils se trouvent. Le mobilier lorrain se vend aujourd’hui très mal car il est lourd à transporter, passé de mode pour les jeunes générations tournées vers le géant suédois de meubles en kit ! On ne sait jamais comment la cote d’un courant ou d’un artiste va évoluer. Les fluctuations vont et viennent et il faut trouver le moment pour vendre, sans trop attendre ... Cela a été le cas de l’Art Nouveau qui a connu un pic à la fin des années 1980 avant de retomber aussi vite qu’il n’était monté. La peinture locale reste constante car chacun y cherche un paysage ou un coin de son enfance. Elle reste très locale même si grâce à la vente via Internet touche toutes les régions de France. Il faut acheter non pour la cote mais parce que l’on aime un artiste ou un lieu peint.
Me Teitgen a terminé son intervention en faisant visionner de nombreuses œuvres dont celles d’Alfred Renaudin, dont la cote est locale et pour lequel il manque une grande exposition d’envergure nationale pour le transporter hors de sa chère Lorraine. A ce sujet, un tableau représentant des lavandières à Lunéville sera vendu le 17 mars 2018 et est estimé entre 6 000 et 8 000 €. Une autre toile représentant Deneuvre sera également mise aux enchères en mai.
A l’occasion du partage du verre de l’amitié, certains particuliers ont montré des objets apportés pour une expertise sommaire. Le président a remis en cadeau à Me Teitgen le livre sur Alfred Renaudin afin qu’elle puisse découvrir plus en profondeur l’artiste-peintre dont elle voit souvent passer entre ses mains des toiles dans son hôtel de ventes.
Olivier Béna
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