La faïencerie K&G au tournant 1900 en conférence
Publié le mardi 15 mars 2022
L’association « Les Amis d’Alfred Renaudin » organisera sa 1ère conférence de l’année 2022 à la salle de l’Ecureuil, quai de Strasbourg à Lunéville, sur le thème de la faïencerie.
Présentée par Pierre-Philippe Arnould, étudiant en droit et en histoire de l’art, cette dernière analysera la situation de la célèbre manufacture Keller et Guérin au tournant 1900.
Pourriez-vous évoquer succinctement l’historique de la faïencerie K & G ?
Désignée comme la cité cavalière, Lunéville n’en est pas moins la cité faïencière. Depuis la fin du 17ème siècle, les premiers potiers et faïenciers apparaissent. Plusieurs établissements ouvriront ensuite. Les origines de la manufacture Keller et Guérin sont à trouver dans l’implantation de la faïencerie de Jacques Chambrette (fils) en 1731. Sous la protection des ducs de Lorraine, la manufacture se développe et étend sa renommée. Mais Lunéville souffre de la fiscalité propre à la Lorraine ce qui pousse Jacques Chambrette à ouvrir une seconde manufacture à Saint-Clément alors territoire des Trois-Évêchés où les taxes douanières sont moindres. Après la mort de Chambrette, la manufacture décline. Son fils Gabriel garde celle de Lunéville tandis que Charles Loyal rachète celle de Saint-Clément qui devient alors établissement indépendant. Après un fort déclin de l’activité, la faïencerie de Lunéville est rachetée par Sébastien Keller en 1786. La manufacture ne sera dénommée Keller & Guérin qu’à partir de 1832. Les progrès techniques acquis par la faïencerie lui permettent de se développer tout au long du 19ème siècle. La réunification de Lunéville et Saint-Clément intervient en 1892 à un moment où elles dominent la production faïencière française. C’est aussi à cette époque qu’un atelier d’art sous la conduite du baron de Ravinel est créé et voit la collaboration de nombreux artistes. Une émulation sans précédent qui permet à la faïencerie de produire des pièces originales, d’une grande qualité artistique avec des formes et décors permis par une recherche technique à la pointe.
Pourquoi vous attachez-vous à cette période particulière du tournant 1900 ?
Cette période concentre les influences artistiques en vogue. La manufacture s’inscrit pleinement dans la sphère d’influence de l’École de Nancy. La participation de certains artistes l’atteste. Mais c’est surtout la recherche stylistique inédite qui permet de produire une variété que beaucoup n’imaginent pas. Bénéficiant de cette influence nancéienne, l’Art nouveau qui s’y développe en garde les caractéristiques : rigueur botanique, recherche à partir des formes organiques conjuguées avec un décor végétal élégant. L’observation de la nature devient une source d’inspiration inépuisable. La manufacture a su tirer profit de ce goût nouveau tant dans sa production artistique que dans sa production industrielle, faisant entrer cet art dans tous les foyers. Mais cette production novatrice n’est pas au goût de tous. D’autres préféreront les pièces plus classiques avec les pastiches de style rocaille et Louis XVI.
Rupture ? Continuité ?
Il y a durant cette période une rupture stylistique dans les formes et décors permise aussi par une rupture technique. La forme d’inspiration végétale est inédite. Les techniques de décor permettent aussi une production industrialisée, notamment grâce au vapo (aérographe). Toutefois, ce renouveau n’apparaît pas ex nihilo. L’Art nouveau trouve ses sources dans le gothique flamboyant et les décors floraux du Moyen Âge. Le japonisme qui l’a précédé reste une source d’inspiration. L’Art nouveau n’apparaît finalement pas tant en rupture. De plus, les styles précédents perdurent. La production de pastiches Louis XVI et rocaille reste importante et continue de plaire. Deux types de production cohabitent, pas forcément pour les mêmes publics.
Quels types de pièces présenterez-vous aux participants ?
Ayant travaillé à partir de la collection K&G du Musée de l’École de Nancy, j’ai surtout étudié ce corpus. Ma collection se rapprochant de beaucoup de pièces étudiées, je pourrai ainsi présenter des faïences variées datant de cette période : de pots couverts de style Louis XVI à des flammés Art nouveau en passant par des vases joignant forme et décor original. Quelques dizaines de pièces de cette époque pour un panorama de la production vers 1900. C’est toujours tellement préférable de voir les pièces en vrai, de pouvoir en apprécier les formes et les couleurs réelles que sur un écran ou un livre.
Les mesures sanitaires appliquées seront celles en vigueur au moment de la conférence. La jauge de 100 participants ne pourra être dépassée. Des pièces en faïence seront également exposées et décryptées. Conférence gratuite et ouverte à tous.
Propos recueillis Par Olivier BENA
Informations et renseignements auprès de l’association : 07 82 56 88 47
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