Par Olivier BENA
Conférence sur Albert LEBRUN (2014)
dernier président de la 3ème République
C’est dans le cadre majestueux de la salle des fêtes de Cirey-sur-Vezouze que les deux associations « Les Amis d’Alfred RENAUDIN » et « Loisir et Culture – médiathèque de Cirey » ont eu le grand d’honneur de recevoir M. Eric FREYSSELINARD, ancien préfet de Haute-Saône et de l’Aude et actuellement maître de stage à l’ENA à Strasbourg. Ce dernier est également l’arrière-petit-fils du Président Albert Lebrun à qui il a consacré son dernier ouvrage, au titre éponyme à la remarquable conférence qu’il a donnée devant une cinquantaine d’auditeurs.
Pendant près d’une heure et quart, il a retracé de manière succincte mais très précise les grandes étapes de la vie de l’homme d’Etat qu’était son bisaïeul : de son enfance en Lorraine à Mercy-le-Haut à l’accession suprême à la Présidence de la République. Albert LEBRUN apparaît comme un témoin de l’ascension sociale et méritocratique développée au cours de la 3ème République.
Fils d’agriculteur, il est remarqué par l’instituteur du village comme étant un brillant élève. Après le lycée à Nancy, il récolte de nombreux prix et entre à l’École polytechnique puis à l’École des mines où il en ressort à chaque fois major de promotion. Il est élu conseiller général d’Audun-le-Roman en 1898 à l’âge de 27 ans. Il devient, ensuite, en 1906, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Elu député le plus jeune de France, en 1900, contre François de Wendel, il siègera au Palais Bourbon jusqu’en 1920, date à laquelle il devient sénateur jusqu’en 1932. Albert Lebrun est nommé ministre des Colonies avant la première guerre mondiale, colonies pour lesquelles il se passionne et dont il restera l’un des responsables politiques dans l’entre-deux-guerres. Il joue un rôle important dans le coup de force d’Agadir en 1911.
Marqué par la guerre de 1914-1918, il demande, sans violence mais résolument, que l’Allemagne paie ses dettes. Dans les années 1920, il représente la France à la Société des Nations. Président de la Caisse d’amortissement de 1926 à 1931, il participe avec son ami et compatriote lorrain Raymond Poincaré au redressement du franc.
Il est élu président du Sénat en 1931 contre Jules Jeanneney. Membre de l’Alliance républicaine démocratique, souvent classé à tort comme appartenant à la gauche démocratique, Lebrun est un modéré du centre puis de droite, ouvert aux revendications sociales mais inquiet des menées révolutionnaires. Catholique pratiquant, il vote contre la loi sur les associations de 1901, pour la loi de séparation de l’Église et de l’État mais s’oppose à ses mesures les plus répressives.
Il accède aux plus hautes fonctions de l’Etat en 1932 à l’assassinat du président Paul Doumer, et sera même réélu pour un second mandat en 1939 alors que les bruits de bottes se font entendre. Son premier septennat sera marqué par différents événements comme la montée du péril allemand, la crise du 6 février 1934, et l’arrivée au pouvoir du Front Populaire de Léon Blum auquel il s’était opposé. En mai 1940, contre l’armistice, il est contraint, devant le courant majoritaire, à appeler le maréchal Pétain à la présidence du Conseil et le met en garde, en vain, contre l’influence néfaste de Laval. Il refuse de démissionner, obligeant ainsi Pétain à le contourner par le vote des pleins pouvoirs constituants. Il se retire alors dans sa famille à Vizille en Isère. Placé en résidence surveillée, Hitler préfère le faire enlever par la Gestapo. Envoyé dans le Tyrol autrichien de septembre à octobre 1943, il y retrouve de nombreux hommes politiques également pris en otage. Lorsque sa santé se dégrade, il est renvoyé en France. En octobre 1944, il rencontre le Général de Gaulle à qui sont confiées les rênes du pays en devenant président du Gouvernement provisoire de la République française. Au lendemain de la guerre, Albert Lebrun est témoin aux procès de Pétain et Laval. Il donne aussi des conférences sur la sidérurgie et la 3ème République. Il meurt le 6 mars 1950. Des obsèques solennelles sont célébrées à Notre Dame de Paris suivies de son inhumation dans le cimetière de Mercy-le-Haut où s’élève un monument à sa mémoire.
A l’issue de cette conférence passionnante, Eric Freysselinard a dédicacé son livre laissant le temps aux auditeurs d’échanger avec lui quelques mots et confidences. C’est ainsi que plusieurs personnes étaient ravies de le rencontrer car elles cousinaient de loin avec la famille Lebrun. Cet événement aura permis de remettre dans la lumière ce grand Homme lorrain souvent oublié ou disparu injustement des livres d’histoire.
Olivier BENA
Crédits photographiques: Pascal ACREMENT
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