Hommage à M. Pierre MARCHAL
Publié le lundi 25 octobre 2021
Auteur : Olivier BENA
C’est avec une profonde tristesse et beaucoup d’émotions que nous avons appris le décès de Pierre à l’aube de ses 90 ans, il y a une semaine le 18 octobre, en la fête de Saint Luc, l’évangéliste.
Avec votre départ, Pierre, c’est un chapitre entier de la vie de notre ancienne paroisse St Laurent et de celle actuelle qui se tourne pour laquelle vous avez été un grand serviteur pendant de très longues décennies.
Dans cette église Saint Laurent qui lui était si chère, Pierre aimait dire qu’il y avait été baptisé, avait communié pour la 1ère fois, confirmé et enfin marié avec Christiane. Il est impossible pour moi d’évoquer la mémoire de Pierre sans y associer celle de sa chère épouse.
A leur retour en 1989 pour le temps de la retraite, ils se sont rapidement impliqué dans la vie paroissiale auprès de l’équipe en place et de l’abbé Robert Senger. Avec la mutation et la fusion des paroisses, ils ont assumé au fil du temps de plus grandes charges au service de l’Eglise. Pierre était alors correspondant village et assumait de très nombreuses responsabilités comme l’accueil des familles en deuil et la préparation des obsèques. Combien de familles au Val les ont rencontrés pour accompagner l’A Dieu de leur proche comme nous le vivons cet après-midi avec lui et auprès des siens ? Il gérait la vente des calendriers, des délicieux œufs en chocolat de Pâques, distribuait les enveloppes de collecte du denier et les informations paroissiales en sillonnant dans les rues du village.
Christiane s’est investie plusieurs années dans la catéchèse et sa gentillesse ajoutée à sa douceur apportait aux enfants une belle entrée dans la foi. Pierre racontait souvent que Christiane préparait pour la fin de séance de KT des crêpes pour les enfants et que le chien, aussi sage qu’eux, prenait place pieusement à table, une serviette autour du cou, en attendant sa part ! En ce lendemain du dimanche clôturant la semaine missionnaire mondiale, ils ont été tous les deux des missionnaires, non pas au bout du monde, mais dans le quotidien de leur vie et de leurs rencontres. Ils ont souvent rendu service à ceux qui leur demandait de l’aide et bien souvent dans une grande humilité évangélique.
La prière était un des piliers de leur vie ; le chapelet en direct de Lourdes et les vêpres de Notre Dame mais surtout a participation aux assemblées dominicales, l’Eucharistie, ce pain de vie qui a conduit leur vie, l’Eucharistie, summum de la vie de tout chrétien. Ils ont traversé de long en large le secteur paroissial, s’agrandissant d’années en années jusqu’à la formation de la paroisse actuelle du Bon Père Fourier des Vosges le 9 décembre 2001. Pierre a inventé un concept missionnaire ; le taximesse. L’Espace ne restait jamais vide à l’arrière ; il faisait le tour du Val et prenait à domicile des paroissiens comme moi pour les conduire à l’église où était célébrée la messe. Qui fait cela aujourd’hui ? Quel élan missionnaire et quelle générosité !
Au départ de l’abbé Senger du Val, les eucharisties en semaine sont devenues de plus en plus rares mais la volonté de Christiane et de Pierre était qu’une vie religieuse se poursuive au Val même en l’absence de prêtre. C’est ainsi que les mardis matins dans le chœur de l’église, un petit groupe de paroissiens, quasi tous disparus aujourd’hui, assistaient à la messe. Ces temps de prière en petit groupe à l’image des premières communautés chrétiennes étaient sans doute les plus beaux de par leur côté intime, chaleureux, fraternels et profonds dans la prière. Pour s’assurer une certaine régularité de la présence des fidèles, il mettait encore place son taximesse. Et pour optimiser la venue de l’abbé Pfister, Christiane passait ensuite le tablier en cuisine pour l’inviter à partager le repas avec eux.
Pierre, comme Christiane, a toujours eu le souci du détail, la volonté que tout soit parfait ! Il avait un réel sens de la liturgie, du beau et du sacré. Combien de fois ne l’a-t-on pas vu balayer cette église, mettre en place un échafaudage de fortune pour nettoyer les lustres, acheter lui-même des fleurs fraiches, des roses, pour la messe du mardi et les arranger harmonieusement près de la croix sur l’autel, comme celles d’aujourd’hui. A la sacristie, il ne craignait pas de sortir le vieux fer à repasser et redonner des couleurs à l’étendard national avant une célébration de fête patriotique.
Grâce à ses mains d’or, son don pour le bricolage l’a amené à de multiples petits travaux et réparations en tout genre dans l’église et au-delà. Les deux plus gros derniers chantiers l’ont conduit en 2008, avec une équipe de bénévoles de la section Sauvegarde du patrimoine de la Maison pour Tous, à sauvegarder la grotte ND de Lourdes, avenue Veillon, qui tombait en péril. Pierre y était très attaché et avait le privilège de pouvoir veiller sur elle, ou l’inverse, depuis sa véranda. Il avait conservé précieusement à son domicile la petite statue de Ste Bernadette et la couronne d’étoiles de la Sainte Vierge, afin que rien ne disparaisse ou soit volé ou saccagé. Tout est revenu en place lors de l’inauguration de la grotte le 15 août 2008 par l’abbé Francis St Eve. Le chapelet de l’Assomption qui a pu ensuite reprendre ensuite était une grande joie pour lui.
De même, dans cette église, la restructuration des bancs (3/4) et le retournement des bancs de baptême dans le fond ont nécessité pour l’équipe de bricoleurs de nombreuses heures de travail. Avant la Covid, Pierre, toujours accompagné et aidé d’André, avait pour projet de repeindre les bancs de la grotte et la clôture en bois ; il était dans sa 89ème année. Il avait toujours des projets en tête pour maintenir le patrimoine religieux du Val qui devait lui rappeler sa jeunesse d’enfant de chœur et de grand clerc. Pierre était une véritable « pierre vivante » de l’Eglise, un roc sur lequel on pouvait s’appuyer et avoir confiance.
Pierre avait le sens de la transmission ; la transmission de la foi et celle du passé. Il aimait raconter toutes ces anecdotes instructives sur le Val, ses gens et surtout sur la paroisse et des prêtres qui l’ont conduite. En 2013, il m’a transmis un album de photos anciennes de la vie paroissiale du début des années 1950 du temps de l’abbé Hoffelé qui avait marié Christiane et Pierre en 1954. Il avait été laissé au presbytère depuis toutes ses années et confié par l’abbé Senger à son départ en 2001. Ces ressources iconographiques ont été le pilier central du bulletin spécial patrimoine religieux du Val.
Durant ces derniers mois et surtout ces dernières semaines, Pierre a communié aux souffrances du Christ en croix en vivant sa maladie et en traversant la fragilité et la dépendance. Pierre avait pu encore assister à la messe en juin à Cirey et faire son citoyen en votant. La disparition d’Yvette, sa sœur, il n’y a pas deux mois, l’avait plongé dans une profonde tristesse, lui qui s’est longtemps occupé d’elle notamment lorsqu’elle résidait encore dans sa maison au Val.
A ses enfants, Dominique, Claude et Catherine, à ses petits et arrière-petits-enfants, à Marie Paule qui l’a accompagné ces dernières années, et à André, toujours présent pour Pierre, la paroisse exprime ses plus sincères condoléances. A vous Pierre, un grand merci ! Reprenant les versets de St Mathieu dans la parabole des Talents : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur. ». A Dieu M. Marchal !
Olivier BENA
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