Val-et-Châtillon

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Par Roger CORNIBÉ

Val-et-Châtillon : son passé, ses gens

Une nouvelle édition revue et enrichie (jusqu'à 2012) vient d'être publiée.

II - Moyen Age, Naissance de châtillon,
les premiers seigneurs

Bodonis Monastérium au XIIe siècle :

Agnès de Langstein,comtesse de Salm, fonde l’abbaye de Haute-Seille sur l’emplacement appelé "la Haute Forêt" , territoire lui appartenant. Elle fera don de ce domaine à l’ordre de Cîteauxet c’est en 1176 que l’évêque de Toul Pierre de Brixey consacrera l’abbaye. Cette même année, l’usage du ban de Bodonis passait sous l’autorité de Haute-Seille. (terres, bois, eaux et prés) Auparavant, le village avait été cédé à l’abbaye de Saint Sauveur. En contrepartie, l’abbaye de Haute-Seille devait payer 10 cens à celle de Saint Sauveur pour les dîmes perçues sur Bodonis Monastérium. Une charte datée de 1176 réduisit la somme à payer par les moines de Haute-Seille à l cens et 2 sous. On remarquera que les terres appartenant à l’Eglise étaient exploitées comme des propriétés seigneuriales. (1)
En l’an 1195 il y avait un édifice pour le service religieux, comme l’atteste une contestation au sujet des dîmes de l’église(2).

 Ducs de Lorraine au XIIe siècle :

 - Thierry II (1070 - 1115) fils de Gérard d’Alsace
 - Simon Ier (1115 - 1139) fils du précédent
 - Mathieu Ier (1139 - 1176) fils du précédent
 - Simon II (1176 - 1205) fils de Mathieu Ier

 Bonmoutier au XIIIe siècle :

En 1286, les évêques de Toul perdent leur souveraineté au profit de ceux de Metz. A l’origine, une bataille perdue par l’évêque de Toul Conrad Probus. Celui-ci dut céder l’abbaye de Saint Sauveurà son collègue de Metz Bouchard d’Avesne. L’Eglise de Toul conservait cependant la juridiction spirituelle de ses terres. La puissance temporelle sur les possessions de l’abbaye de Saint Sauveur passait sous la suzeraineté de Metz. Inversement, Haute-Seille dépendait de Toul pour le temporel et de Metz pour le spirituel. Bonmoutier devint cette année-là possession de l’évêque de Metz.

 Ducs de Lorraine au XIIIe siècle :

  • Ferry II (1205 - 1213) neveu de Simon II
  • Thiébaut Ier (1213 - 1220) fils de Ferry II
  • Mathieu II (1220 - 1251) frère du précédent
  • Ferry III (1251 - 1303) fils de Mathieu II

 Bonmoutier au XIVe siècle :

Dès le début du siècle, en 1314, eut lieu un partage entre les sires de Blâmont et l’évêque de Metz. Celui-ci se réservait le domaine boisé situé à l’est de la Vezouze. (de la Sarre au Donon jusqu’à Saussenrupt) Aux Sires de Blâmont la forêt située sur la rive gauche de la Vezouze. Ainsi, les bans de Bonmoutier et Saint Sauveur passaient-ils sous l’autorité des seigneurs du Blâmontois.

Naissance de Châtillon.

Avant ce partage, Henry Ier, sire de Blâmont, avait fait édifier une forteresse sur un piton rocheux dominant une longue vallée étroite parcourue par un cours d’eau (le ruisseau de Châtillon). A la suite de ce partage, le château devint possession de l’évêque messin Renaud de Bar. Cependant, pour assurer ses propriétés et surtout pour s’opposer à toute menace d’expansion des seigneurs de Turquestein, Henry Ier reprit à Henri Dauphin, successeur deRenaud de Bar, cette forteresse en 1324. Le château de Châtillon devint alleu des sires de Blâmont. (3)

Différence entre alleu et fief :

  • alleu : propriété exempte de toute redevance.Le possesseur d’un alleu est justicier sur ses terres.
  • fief : domaine d’un vassal. Ce dernier jure foi et hommageà son seigneur (le suzerain) qui en plus perçoit des redevances.

En 1332, le château de Châtillon appartient en indivision entre Isabelle de St Dizier (veuve de Eyme de Blâmont) et Henry III(neveu de Eyme de Blâmont). Cette situation durera 20 ans. En 1344, l’évêque de Metz Adémar de Monteil abandonne au ducde Lorraine Raoul ses possessions issues du partage de 1314 : Bartrimont (Petitmont), Cirey, Saint Quirin, Hattigny, Niederhoff et Bonmoutier. Turquestein devient propriété de Thiebaut, sire de Blâmont, en1350. L’évêque de Metz lui fit don de cette seigneurie pour le récompenser d’avoir combattu à ses côtés la Maison de Turquestein.
En 1363, Bonmoutier est placé sous l’autorité du comteJean de Salm après que Rodolphe, arrière petit fils d’HenryIer, ait vendu à ce seigneur (marié à Marguerite deBlâmont) la moitié des villages situés dans la seigneurie de Blâmont pour la somme de 1500 florins or de Florence.
Cependant, dès 1368, Marguerite, veuve de Jean de Salm tué au combat à Ligny, abandonne son domaine à la Maison de Blâmont.Elle ne conservera que le château de Châtillon, et pour quelques années seulement. La forteresse semble avoir été vendue vers 1375 par Jean IV de Salm à la famille de Vergy, noblesse bourguignonne de la région d’Autun. Selon un article de M. Arnold Kientzler (Essorsept. 92), le sire de Vergy aurait été un seigneur-brigand qui, à plusieurs reprises aurait rançonné les marchands chemin d’Allemagne. M. Kientzler, s’appuyant sur un document de 1382 (14mai) relate une expédition punitive menée par une troupe alsacienne (commanditée par la ville de Strasbourg) qui aurait abouti à la destruction partielle du château de Châtillon ainsi qu’à des ravages dans les villages environnants. On peut d’ailleurs relever quelques contradictions quant à cette époque :
 - dans un article sur les éléments des Baronnies, l’achat de Châtillon par Jean de Vergy se situe en 1384.
Dans ce même ouvrage, il est dit que ce seigneur ne résida jamais à Châtillon.
Ce qui est sûr cependant, c’est qu’Antoine, deuxième fils de Jean de Vergy y vécut de 1390 à 1408. Au cours de cette époque, il s’opposa à Henri IV, comte de Blâmont, à propos de la succession de Fénétrange en 1391. Finalement,après plusieurs accords, il fut décidé que Cirey et Bonmoutier appartiendraient en commun aux deux seigneurs. Antoine de Vergy, seigneur aventureux, quitta Châtillon vers 1408 pour servir divers ducs et rois. Il devint successivement chambellan du duc de Champagne, capitaine au service du duc de Bourgogne, maréchal de France nommé par le roi d’Angleterre, et enfin gouverneur des comtés de Champagneet de Brie. A l’époque où il était au service du roi d’Angleterre, c’est lui qui empêcha le sire de Vaucouleurs (Robertde Baudricourt) de venir en aide au roi de France, le futur Charles VII.(4)
Antoine de Vergy, seigneur soldat se doublait d’un homme de lettres raffiné, comme le prouvent plusieurs poèmes découverts au siècle dernier dans un recueil de lettres inédites et rassemblées par Paul Eluard dans "l’Anthologie du Moyen Age" en1953.

Il prit part à de nombreuses batailles et mourut de maladie en1439, sans laisser de postérité. Sans doute est-ce au coursde ses nombreux déplacements qu’il rencontra le futur acquéreurde la seigneurie de Châtillon. Jean d’Haussonville. En 1545, le duc de Lorraine François Ier quitte Nancy pour Blâmont avant de rejoindre Plombières pour y prendre les eaux. En son absence, il nomme un conseil de régence formé des baillis des deux duchés, du président de la Chambre des Comptes, du procureur général et de Jean de Haussonville, sénéchal de Lorraine.

Ducs de Lorraine au XIVe siècle.

  • Thiébaut II (1303 - 1312) fils de Ferry III
  • Ferry IV (1312 - 1329) fils du précédent
  • Raoul (1329 - 1346) fils du précédent
  • Jean Ier (1346 - 1390) fils du précédent

Bonmoutier au XVe siècle.

On peut situer l’achat de Châtillon peu avant 1433 (1432 ?) car en 1433 précisément Jean d’Haussonville devient aussi propriétaire du fief de Turquestein pour la somme de 6200 florins du Rhin. Les deux seigneuries n’en forment alors plus qu’une. Celle-ci restera aux mains des d’Haussonville jusqu’en 1567.
Ni Jean I ni Jean II d’Haussonville n’habitèrent le château.Il s’y rendaient épisodiquement pour régenter le domaine et tirer profit de la vente du bois.
Au cours de ce siècle on notera une grande mortalité due à de nombreuses épidémies de peste. Celle de 1462 fit des milliers de morts dans notre région.

Ducs de Lorraine au XVe siècle.

  • Charles II (1390 - 1431) fils de Jean Ier. Dernier représentant de la Maison d’Alsace.
  • René Ier (1431 - 1453) époux d’Isabelle et gendre deCharles II , de la Maison d’Anjou.
  • Jean II (1453 - 1470) fils du précédent
  • Nicolas (1470 - 1473) fils du précédent
  • René II (1473 - 1508) de la Maison de Lorraine-Vaudémont.

Bonmoutier au XVIe siècle.

Nouvelles épidémies, de peste au début du siècle.(de 1504 à 1524).
L’année 1546 est marquée par des récoltes désastreuses.Le prix du pain est multiplié par cinq. (5)
En 1567, la seigneurie de Châtillon appartient en indivis aux descendants de Balthazard d’Haussonville qui proviennent de trois souches différentes. (voir descendance de Jean Ier)
1)  Anne qui a épousé Georges de Nettancourt
 Marguerite qui a épousé Claude de Beauvau en 1541 en première noce et Jean du Châtelet en seconde.
2) African qui résidait dans son château de Zuffal près de Lorquin.
 Nicole, épouse de Georges de Savigny.
3) Claude, épouse de Gaspard de Marcoussey, seigneur d’Estoges
 Jeanne, épouse de Jean de Savigny, seigneur de Rosne.

African était le seul descendant mâle. Poussé par certains membres de la famille, il procéda au partage de la seigneurie en trois lots :
- lot de Châtillon pour les descendants de Gaspard
- lot d’Haussonville pour les enfants de Claude. (dit aussi lot deSt Georges)
- lot de Marcoussey pour Jeanne (lot de Lorquin)
Notons que Jean du Châtelet, deuxième époux deMarguerite d’Haussonville avait pour titre "Jean du Châtelet, seigneur de Vauvillars" . En s’installant à Châtillon, il prit le titre de marquis de Thons.

En 1589, la baronnie de Châtillon des seigneurs de Thons comprenait les villages de Cirey, Bonmoutier, Harbouey, Ibigny et Petitmont. En 1552, les trois évêchés sont rattachés à la France. Bonmoutier devient donc français, puisque faisant partie du temporel de Metz, alors que la baronnie de Châtillon restera sous domination ducale. D’ailleurs, le duc Charles III, devant la menace des protestants et des troupes enrôlées par la France qui s’infiltrent en Lorraine, décide de s’emparer des châteaux de Châtillon et de Turquestein pour leur barrer le passage. (1569 à 1574) Bonmoutier est peu sensible à la religion réformée. Le village, éloigné des grands axes, reste profondément catholique.C’est en 1587 que se manifeste un personnage dont la famille marquera par la suite l’histoire de notre village : il s’agit de Mathias Klopstein.Enrôlé dans les troupes du duc de Lorraine, ce soldat est au côté de Thomas Kiegler, châtelain de Réchicourt et gouverneur de la ville de Blâmont pour défendre celle-ci contre l’attaque des calvinistes français, allemands et suisses ayant à leur tête le duc de Bouillon. Mathias Klopstein se fit remarquer par son courage et sa détermination qui sauvèrent la ville de la destruction. Peu de temps après, le duc le faisait capitaine d’une compagnie de lansquenets.

La famille Klopstein, originaire de la province de Mayence, s’est installée en Lorraine pour fuir "l’hérésie de Luther". (6) La plus ancienne présence des Klopstein en Lorraine se situe à Thionville où Mathis (Mathias ?) Klopstein était tailleur de pierres jusqu’en 1483, date à laquelle il vendit sa maison. Il n’est donc pas surprenant de voir figurer sur le blason de cette famille, dans sa partie basse, deux mains frappant des pierres qui jettent des étincelles.

Ducs de Lorraine au XVIe  siècle

  • Antoine (1508 - 1544) fils de René II
  • François Ier (1544 - 1545) fils d’Antoine
  • Charles III (1545 - 1608) fils de François Ier

 Sorcellerie à la fin du XVIe  siècle et justicede Domèvre :

Noms donnés aux malfaiteurs : genots ou triards. Si quelqu’un était soupçonné de sortilège, sur dénonciation du plaignant, on le faisait appréhender et mettre en prison. Le procureur faisait ajourner (comparaître) les témoins pour recueillir leurs dépositions : c’était l’information. On faisait relire les déclarations qui pouvaient être maintenues ou complétées : c’était le recollement. Le prévenu était ensuite mis en présence des témoins pour la rédaction des explications : c’était la confrontation. Le dossier était alors envoyé au tribunal des échevins de Nancy qui statuaient. S’il y avait faute, le prévenu était soumis à la question afin d’arracher à ses aveux un complément de certitude.

Les différents supplices de la question :

  • les grésillons :  appareil servant à serrer un ou deux doigts.
  • l’échelle :  le coupable était lié contreles montants et les traverses, puis suspendu.
  • les tortillons :  un petit bâton était introduit sous la cordelette qui liait le prévenu à l’échelle; on tournait ce bâton pour comprimer les chairs.
  • l’estapade :  le coupable était suspendu à une corde, au plafond, les mains derrière le dos. Des poids étaient fixés aux pieds pour disloquer le corps.

 Bonmoutier au XVIIe siècle.

En 1611, le lot de Châtillon est définitivement partagé en deux parties :

  • l’une allant à la famille de Nettancourt
  • l’autre à la famille du Châtelet

A partir de 1617, la famille de Nettancourt sera seule à posséder la baronnie de Châtillon, après que René du Châtelet (fils de Jean) ait fondé la seigneurie de Cirey. Cette dernière sera vendue au siècle suivant à Gabriel de Launay qui la cédera à son tour, peu avant la révolution, au baronde Prémont (le 29 décembre 1781).

C’est en 1663 que s’éteint le dernier descendant de la famille d’Haussonville. Les biens vont à la seigneurie de Cléron (noblesse franc-comtoise) qui en hérite par alliance et les conservera jusqu’en 1669. Cette même année, Châtillon passera successivement entre les mains de deux propriétaires :

  • le 17. 09. 1669, Jean de Huyn, lieutenant général du baillage de Vic l’achète pour 28 000 Frs barrois.
  • le 02. 10. 1669, le même Jean de Huyn revend la baronnie à la comtesse de Linange de Réchicourt pour 35 000 Frs barrois.

Finalement, le château sera attribué à Nicolas Regnaulten 1676. Ancien soldat des ducs de Lorraine Charles IV et Charles V, anobli, Nicolas Regnault a le titre de baron. Autre famille anoblie, mais au début du siècle : les Klopstein. Alexandre, fils aîné de Mathias Klopstein reçu ses lettres de noblesse du duc Henri II,en 1609. Auparavant il fut maître échevin de Marsal puis capitaine-prévotde cette ville. Son frère Jean fut tué à Blâmont alors que , retranché dans le château, il tentait de résister à l’armée de Richelieu, en 1638.

Un acte du l9 août 1688, signé du père Charles Henri le Bègue, abbé de Domèvre, fait état d’une confrérie de St Laurent à Bonmoutier. (Confrérie qui aura été de courte durée car aucune trace n’en a été retrouvée plus tard).

En 1690, Mathias Allaine, chanoine régulier est élu supérieurde l’abbaye de Domèvre. Il demande à tous les paroissiens de sa juridiction de chanter le Te Deum à la fin des offices pour protéger le roi et le dauphin et surtout pour donner de nouvelles victoires aux armées de Louis XIV. A cette époque, le Roi Soleil est en guerre contre la ligue d’Augsbourg et voit sa suprématie mise en échec. Une demande identique est renouvelée en 1696 et le 30 septembre, toute la population chante à la gloire du roi, après les vêpres. 

Ducs de Lorraine au XVIIe siècle.

  • Henri II (1608 - 1624) fils de Charles III
  • François II (1625) frère de Henri II
  • Charles IV (1625 - 1675) fils de François II
  • Nicolas - François en 1634 frère de Charles IV
  • Charles V (1675 - 1690) fils de Charles IV ne régnera pas (exil).


VAL-ET-CHATILLON - M & M - Rue du Beau Soleil

(1) Notes pour servir à l’Histoire de Cirey - H. Cuissard

(2) Histoire de l’abbaye de Saint-Sauveur - Abbé Chatton - p. 51

(3) Notes pour servir à l’Histoire de Cirey - H. Cuissard

(4) Revue Populaire de Lorraine N° 95
 Article d’Henry Bataille. Comment Jeanne D’Arc est devenue Jeanne D’Arc.

(5) Eléments des baronnies, Histoire du Blâmontois. Abbé Dedenon.

(6) extrait du nobiliaire de Lorraine et du Barrois

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