Val-et-Châtillon

La maison de vente Marc Labarbe à Toulouse a procédé à la mise aux enchères de près de 350 lots composant un catalogue de mobilier, de tableaux, d’objets d’art ou de tissus anciens.

Parmi eux, se trouvait une toile d’A. Renaudin représentant une vue de l’abbaye St-André de Lavaudieu en Haute-Loire. Signée et datée 1918 en bas à droite, cette huile sur toile est une énième représentation du site dans un format classique de 58,5 X 76,5 cm. Cette version est cependant plus terne et plus triste par ses couleurs, ses nuages et ce manque de vie. Seules quelques vaches animent la scène en ces moments sombres et troublés de la Grande Guerre. Y-retrouve-t-on l’état d’esprit de Renaudin et de ses contemporains en cette année 1918 ?

Au bord de la Senouire, dans un écrin de prairies et de pentes boisées, se niche le village de Lavaudieu méritant le label de "plus beau village de France" et dont le charme ne manque pas d’enchanter les visiteurs. Son abbaye, fondée en 1057 par St-Robert, a accueilli des moniales bénédictines jusqu’à la Révolution. Il en subsiste essentiellement le cloître roman, unique en Auvergne, et le réfectoire, orné d’une grande fresque d’influence byzantine du 12^e siècle, et abritant un christ roman d’une émouvante beauté. L’église recèle aussi un remarquable ensemble de peintures murales de l’Ecole Italienne du 16^e siècle : scènes de la Passion, unique et très curieuse allégorie de la Mort Noire.

C’est sans doute pour cela que Renaudin a été subjugué par ces lieux pittoresques à son arrivée en Auvergne pour se réfugier à la fin de la Première Guerre mondiale. Il y installe ainsi à plusieurs reprises son chevalet pour faire ressortir la splendeur de ce joyau patrimonial qu’entretient avec passion l’association « Vallis Dei ». En 1925, la seule toile envoyée par l’artiste-peintre au Salon de Paris est une vue de l’abbaye.

« Vallis Dei » est en lien avec l’association « Les Amis d’Alfred Renaudin » depuis longtemps. En 2012, l’acquisition d’une toile de 1925 a été enregistrée de même qu’une seconde illuminant le splendide cloitre peinte également en 1918. Elles sont exposées dans le petit musée de Lavaudieu dont l’association a la charge. D’autres figurent également dans le catalogue raisonné constitué année après année.

Lien : association Vallis Dei - les Amis de Lavaudieu: http://www.abbayedelavaudieu.fr/

Estimée 2 000 €, le commissaire-priseur a adjugé l’œuvre à 2 300 €.

Olivier BENA