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ART-EN-CIEL LORRAIN

Publié le lundi 30 avril 2018

Auteur : Robert Florentin

Ce ne furent pas uniquement des ciels de Lorraine qui s’offrirent aux participants mais des ciels interprétés dans des œuvres exécutés par les artistes lorrains, peintres, verriers ou vitraillistes : ciels réels ou ciels rêvés, ciels sereins ou ciels d’orage, ciels d’été ou ciels d’hiver, ciels rayonnants  ou ciels de nuit, ciels vides ou ciels habités, ciels d’ici ou d’ailleurs …mais tous, ciels d’artistes lorrains.

A tout seigneur, tout honneur ! Il revenait  à  celui qui porte le prestigieux surnom de ‘Le Lorrain‘ d’ouvrir ce remarquable catalogue artistique, à savoir le Vosgien né à Chamagne en 1600 : Claude Gelée. Ce sont des ciels pour les Dieux, des ciels de théâtre qui irradient  grâce au soleil couchant,  les scènes animées bordant des ports imaginaires  dominés par d’antiques bâtiments. Un siècle et demi plus tard, les ciels du Lorrain firent l’admiration du plus célèbre peintre des ciels de tous les temps : William Turner.

Loin des ciels de Rome,  plus attaché à la nature lorraine que son aîné célèbre, le meusien Jules Bastien Lepage, le « naturaliste paysan »,  s’attache à exprimer la réalité poétique des paysages de sa région natale; l’horizon très haut suit le bord supérieur des tableaux, et le fin ruban du ciel laisse sa puissance au labeur  des terres agricoles  et à la peine humaine. Ces deux artistes seront  justement et respectivement honorés  en Lorraine par une œuvre sculptée du grand maître Auguste Rodin.


"Les blés mûrs" de Jules Bastien-Lepage

Et les Petits Maîtres lorrains, ceux qui malgré tout ont poussé à l’ombre des grands arbres ?  Ils sont là, ils se nomment Adrienne Jouclard, Edouard Henry-Baudot, Léon Husson, Alfred Renaudin ou Victor Guillaume, témoignant tour à tour du rude travail des hommes dans les champs sous l’ardent soleil d’été ou dans les ateliers sous un ciel obscurci par les fumées s’échappant des hautes cheminées d’usines qui envahissent le paysage lorrain dès le milieu du XIXè siècle. Les vitraux Art nouveau ou Art déco de Jacques Grüber et de Louis Majorelle se chargent alors d’honorer la marche du progrès sur les façades des sièges des grandes compagnies ou des grandes instances industrielles.

 

Dans un même temps, la peinture des néo-impressionnistes régionaux à l’instar de Charles Peccatte ou Michel Colle, pacifie , au tournant du XXè siècle, les ciels qu’ils éclaboussent de points multicolores, leur accordant ainsi cet air de fête si recherché par les amateurs d’art d’aujourd’hui. Pluie, neige, arc-en-ciel s’enchaînent pour accompagner la vie quotidienne à travers les saisons dans les œuvres peintes de Victor Prouvé et de Gilles Fabre ou dans les œuvres gravées dans le cristal d’Emile Gallé et d’Antonin Daum.

Plusieurs paysagistes lorrains font de la peinture des ciels leur spécialité. Ainsi, Jean Rémond, Jules Noël s’appliquent à magnifier les humeurs changeantes des ciels bretons tandis qu’Henri Grosjean et Jean Monchablon s’attardent à élargir les vastes espaces des horizons régionaux.

La Grande Guerre assombrit brutalement et tragiquement cette palette, recouvrant les horizons de nuages lourds de menace. Pierre Waidmann, Lucien Lantier, Léopold Poiré  témoignent , parmi bien d’autres artistes lorrains engagés dans la terrible épreuve, des désastres causés par la brutalité des combats. . Les horizons s’abaissent pour disparaître définitivement dans la tourmente.

Robert Florentin

Alfred Renaudin a réussi aussi à sublimer le ciel, élément majeur de ses toiles. La thématique de l’eau y est prédominante. Il faut cependant être astucieux afin de savoir si ces oeuvres ont été réalisées le matin ou le soir. L’orientation du soleil en lien avec le panorama représenté est le seul indice qui permet d’y parvenir. 

Olivier Béna


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