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Conférence sur l’atelier d’art de Maurice de Ravinel

Publié le lundi 06 octobre 2014

Auteur : Olivier BENA

Dans le cadre de ses manifestations, l’association « Les Amis d’Alfred Renaudin » a accueilli Jeannine Guénot, historienne de l’art de formation et secrétaire des "Amis de la Faïence Ancienne de Lunéville/Saint-Clément" pour une conférence consacrée à l’atelier d’art de Maurice de Ravinel. Cette communication s’est tenue notamment en présence de Guy Levieuge, président de la société dédiée à la faïence fondée en 1998, et Josiane Tallotte, maire.

A la suite de l’annexion de l’Alsace-Moselle, beaucoup franchissent la frontière afin de ne pas devenir allemand. C’est ainsi que de nombreuses familles arrivent à Lunéville avec un savoir-faire important comme celui de la faïencerie de Sarreguemines.

La cité cavalière se développe et s’étend comme le quartier de Villers. Les activités de l     a faïencerie mènent à différents débouchés comme la porcelaine fine dont on offrait généralement un service lors de mariage, les services de tables, de toilette ou encore des objets blancs en vue d’être décorés. La production rassemble pas moins de 1100 à 1300 ouvriers et les commandes partent vers Paris et même jusque New-York !

Maurice de Ravinel, issu d’une vieille famille de la noblesse lorraine, fait des études de droit afin de suivre la même carrière politique que son père. Il y parvient en occupant différentes fonctions de préfets notamment dans la Meuse où il demande à être mis en disponibilité en 1875 pour raisons de santé. C’est alors que s’ouvre pour lui un changement de vie radical car il va s’adonner à sa passion et apprend la peinture à Paris avec Harpignies. Se relevant très doué, il s’intéresse également à l’ébénisterie.

De par son mariage avec Marguerite Génin, de la branche Keller par sa mère, il accède au capital de l’entreprise familiale dont il gère les parts héritées par son épouse. Il y injecte aussi de l’argent afin de favoriser la création de son atelier d’art, vers 1881, dont il est l’âme vivante.  Celui-ci permet de mettre les idées de la firme en pratique : produire de l’art pour tous, un art beau, peu coûteux, usuel et élégant à la fois. L’idée oriente la réalisation vers quelque chose de nouveau afin de ne plus reprendre les modèles et thématiques maintes fois exploités.

Dans les années 1890, l’entreprise Keller et Guérin participe aux salons nancéens d’Art et d’Industrie afin de montrer son savoir-faire. Elle se veut aussi être très moderne et noue d’étroites relations amicales avec les artistes de l’Ecole de Nancy.

Une multitude de peintres marque la structure dont beaucoup de jeunes anonymes. Certains d’entre eux perceront et deviendront célèbres grâce à leur potentiel artistique.

La conférencière a ensuite passé en revue quelques grands noms de cette époque comme Ernest Bussière qui donne à ses œuvres un coté monumental et les dirige vers le thème de la nature. Louis Majorelle est aussi un habitué de l’atelier où règne une ambiance positive de travail en commun, de partage ou d’observation des techniques utilisées par les uns et les autres. La mentalité est bien différente de celle de l’art individuel avec mécénat.

Le céramiste parisien Edmond Lachenal, élève de Deck, se rend aussi à Lunéville quelques jours par mois où il aime y trouver des ouvriers compétents. Il sera à l’origine du service « Gui », entièrement fabriqué à Lunéville  et offert aux lecteurs des annales politiques en remerciement de leur abonnement.

En conclusion, les débuts de carrière d’Alfred Renaudin ont été rappelés. Entré à l’âge de 15 ans à la faïencerie après un passage à la verrerie de Croismare, ce dernier est rapidement repéré par ses maîtres. D’abord embauché pour peindre des fleurs, son sens artistique se développe par l’attention éducative porté par Maurice de Ravinel et les directeurs Keller et Guérin.

Des cours du soir à la faïencerie à ceux à l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy sous l’œil bienveillant de Jules Larcher, toutes ses études lui seront payées par le concours apporté par ceux qui croient en son talent.

Sa palette prend davantage d’ampleur lorsqu’il quitte la Lorraine pour Paris et apprend le paysage, notamment ces ciels vaporeux qui sont sa marque de fabrique. Au-delà de sa carrière d’artiste-peintre, il revient régulièrement travailler pour la faïencerie. Il peint directement sur le biscuit avant une ultime cuisson où les couleurs se révèlent enfin comme preuve de toute la maîtrise dont il dispose et qui ne laisse pas place à l’erreur.  En 1896, aux décès de Maurice de Ravinel et d’Edmond Keller, l’atelier d’art s’arrête car il coûte trop cher, fermant ainsi une parenthèse de 15 années où le « bel » art a pu s’exprimer.

En conclusion de l’intervention, différentes pièces des artistes évoqués ont été présentées au public avant de partager un petit goûter d’honneur.

 

-> galerie photos.


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