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L’affaire du cheval blanc de la baronne de Klopstein

Publié le vendredi 17 avril 2020

Auteur : Olivier BENA

Au matin du 12 juillet 1815, le capitaine Théodore Parmentier se présente avec quelques partisans au château de Châtillon, isolé au cœur de la forêt. Ce dernier demande des vivres pour 200 hommes qui sont immédiatement fournis par Charles Gabriel Regnault, baron de Châtillon, sans doute peu rassuré par la situation. De plus, il exige la remise des armes et lui sont donnés un fusil double et une paire de pistolets.

Mais, dans l’écurie, Parmentier remarque, un petit cheval arabe, blanc, à longue queue, appelé Mouton. L’animal appartient à Gabrielle Joséphine, baronne de Klopstein, et fille de Regnault. Il le détache et le dérobe. L’officier Joseph Brice, chargé de rétablir avec des francs-tireurs le pouvoir de l’Empereur, revenu de son exil de l’île d’Elbe, aussitôt avisé, garde les vivres et les armes, mais fait renvoyer immédiatement le cheval, en s’excusant.

Dans l’après-midi, une dizaine de partisans reviennent au château. A peine sur place, le commandant Brice arrive à son tour, les rabroue, et rassurer les habitants, leur signifiant que ses hommes agissent sans ordre.

Malgré tout, sur le soir, pour la 3ème fois, ils sont de retour au château ! Parmentier est accompagné de Jean-Claude Deveney, sous-lieutenant à demi-solde à Héming, de Jean-Baptiste Ména, serrurier à Lorquin, et bien d’autres encore dont un individu inconnu déguisé en mameluck !

Deveney, menaçant, somme Regnault de lui livrer, les 60 armes qu’il possède, sinon le feu sera mis au château ! Regnault résiste, parlemente et alors Deveney prend une botte de paille et l’allume sur le seuil de la porte. Regnault prend la fuite fermant toutes les portes. Ména et un autre le suivent, un sabre et un pistolet à la main, enfoncent les portes et, finalement, rattrapent le malheureux. Ils lui mettent la pointe du sabre et le pistolet sur la poitrine et se font remettre des fusils. Ils savent aussi que deux canons sont cachés, depuis un an, dans le jardin. Ils les déterrent et les emmènent triomphalement sur des charriots attelés de trois chevaux pris dans les écuries.

Peu après, Parmentier revient seul, et, pour la seconde fois, vole le cheval. Il abandonne Brice et les Partisans puis cache le cheval dans une auberge à Sarrebourg. Mais l’aubergiste Kintzel reconnaît l’animal et le renvoie à sa propriétaire. Parmentier est alors arrêté par des soldats russes.

Lui comme d’autres de ses compagnons comparaissent devant la Cour d’assises de la Meurthe, en janvier 1816. Le jury condamne Parmentier à la peine d’un an d’emprisonnement. Il est gracié en novembre par le roi.

Après divers renvois en délibéré, Deveney et Ména sont condamnés aux travaux forcés à vie. Ils ne devaient jamais les subir car la peine est commuée dans des proportions inusitées celle de Deveney, en 2 ans d’emprisonnement celle de Ména, en 5 ans. En août 1819, remise est faite à Ména du reste de sa peine.

Deux autres partisans, auteurs d’un assassinat à Allencombe, ne recueillent pas l’indulgence de la cour : l’un est envoyé au bagne et l’autre est exécuté sur la place principale de Blâmont le 13 mai 1816.

En 1815, on se battait autour du château de Châtillon et les partisans y volaient le cheval blanc de Mme de Klopstein. En 1914, on s’y battait encore, M. de Klopstein à la fenêtre du balcon de son château, par une balle allemande, un jour que les troupes françaises essayaient de délivrer Cirey.

D’après « Les partisans en cours d’assises », Louis Sadoul (1870-1935), in Le Pays Lorrain 1923, pages 306-310 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124584k/f315.image

Olivier BENA


 


 


 

 

 


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